Builder.ai, valorisée à 1,5 milliard $, vendait une IA magique. En réalité, c’était du travail humain déguisé. Une leçon brutale pour le marché.
🧨 Le cas Builder.ai : promesse technologique ou supercherie structurée ?
Mai 2025. La start-up britannique Builder.ai, fleuron du no-code européen et soutenue par Microsoft est rattrapée par une vérité gênante. Présentée comme une plateforme d’IA capable de générer des applications logicielles en quelques clics, Builder.ai reposait en fait sur des milliers de développeurs humains opérant en coulisses.
Des rapports d’investigation publiés par The Information et Forbes révèlent que ces travailleurs localisés principalement en Inde, réalisaient manuellement les tâches censées être automatisées par “l’intelligence artificielle”. Ce n’est plus seulement une exagération marketing mais un cas d’AI-washing massif où le vernis technologique masque une réalité bien plus laborieuse et classique.
🕵️ Une fraude comptable à grande échelle
En avril, une enquête de Bloomberg fait éclater le scandale. Elle révèle une fraude comptable de type “round-tripping”, dans laquelle Builder.ai aurait gonflé artificiellement ses revenus grâce à des factures croisées avec la société indienne VerSe Innovation.
L’ampleur de la manipulation est massive :
- En 2024, Builder.ai prétendait 220 M$ de chiffre d’affaires.
- En réalité, l’audit interne n’en trouve que 55 M$.
- En 2023, même distorsion : 45 M$ réels contre 180 M$ déclarés.
La start-up doit désormais 85 M$ à Amazon et 30 M$ à Microsoft pour des services cloud impayés et fait l’objet d’une enquête fédérale aux États-Unis. Elle a cessé toute activité.
🤖 Une illusion bien huilée : l’IA comme storytelling
Ce scandale ne réside pas seulement dans la comptabilité truquée mais dans un système de dissimulation technologique. Builder.ai n’avait pas une IA autonome : elle avait des humains sous couverture.
Ce qui devait être une plateforme IA no-code reposait sur :
- Des développeurs humains exécutant manuellement les tâches.
- Des consignes explicites pour ne pas révéler leur identité ni leur rôle.
- Une communication marketing orientée autour d’une IA puissante, intuitive, scalable.
Ce n’était pas une aide humaine en back-up. C’était le cœur du produit maquillé.
📈 Pourquoi cette affaire est un tournant pour la tech
Ce scandale dépasse le simple cas Builder.ai. Il expose plusieurs failles systémiques dans l'industrie IA :
- L’industrialisation de la promesse IA
De nombreuses start-ups cherchent à accélérer leur croissance en brandissant le terme “IA” comme un label magique sans avoir la technologie pour le justifier. Résultat : elles lèvent des millions, recrutent à l’étranger et simulent l’automatisation jusqu’à ce qu’elles puissent la construire réellement si elle arrive un jour.
- Des utilisateurs trompés sur la valeur ajoutée
Les clients pensent bénéficier d’un système autonome et scalable à forte valeur technologique. Ils obtiennent en réalité une prestation humaine déguisée souvent moins rapide, moins fiable et moins protégée juridiquement.
- Un modèle économique fragile
Le recours à des humains en masse fait exploser les coûts réels. Sans transparence, impossible pour les investisseurs de juger si le modèle est réellement scalable. Cela remet en cause la valorisation même de ces licornes.
- Une pression éthique et réglementaire croissante
À l’heure où le AI Act européen entre en application, les pratiques opaques comme celles de Builder.ai deviennent un risque juridique majeur. L’Union européenne prévoit des obligations de transparence sur l’usage d’IA dans les produits numériques qui auraient été ici totalement bafouées.
⚠️ Les dangers du AI-washing
À l’image du greenwashing qui consiste à se donner une façade écologique sans engagement réel, l’AI-washing repose sur une façade technologique : faire croire qu’un produit ou un service est piloté par une intelligence artificielle avancée alors qu’il repose en réalité sur des processus manuels, des scripts simples ou des interventions humaines discrètes.
C’est une pratique de plus en plus répandue car elle joue sur une asymétrie : la complexité de l’IA rend difficile pour les non-experts de vérifier ce qui est réellement automatisé.
Résultat : certaines entreprises en profitent pour gonfler artificiellement leur image d’innovation sans livrer la valeur réelle promise.
Derrière cette illusion les conséquences sont multiples et sérieuses :
- Elle crée une perception faussée de la maîtrise technologique. Les clients croient avoir affaire à des solutions scalables, intelligentes, capables d’apprendre et de s’adapter alors qu’ils paient en réalité pour des process manuels déguisés.
- Elle détourne l’attention des vrais enjeux : la qualité du code, la sécurité des données, la fiabilité des livrables et la pérennité des outils. Tout est absorbé par le vernis "IA" qui sert à masquer les failles réelles du service.
- Elle empêche les entreprises clientes de faire des choix éclairés. Quand toutes les offres se réclament de l’intelligence artificielle, sans distinction claire entre les vraies innovations et les effets d’annonce, il devient difficile de juger la valeur réelle d’une solution.
- Elle décrédibilise les acteurs sérieux du secteur. Ceux qui investissent du temps et des ressources pour construire des systèmes IA solides, éthiques et performants se retrouvent mis au même niveau que ceux qui enjolivent leur storytelling sans fond technologique. Cela crée un bruit toxique dans l’écosystème et entretient la confusion.
🧭 La vision de Lighthouse Studio
Chez Lighthouse Studio, cette affaire ne fait que renforcer notre conviction. L’important n’est pas de dire qu’on utilise de l’IA mais de montrer comment on l’utilise et surtout avec quelle transparence.
Nous ne faisons pas de promesses magiques.
Nous ne dissimulons ni équipes ni processus.
Ce que nous proposons, c’est une vision claire et assumée de la création à l’ère de l’IA :
- Une direction artistique forte, humaine et enracinée dans la culture visuelle.
- Une production 100 % Gen-AI, maîtrisée de bout en bout et sans sous-traitance cachée.
- Une approche hybride où l’IA est au service d’un récit pas l’inverse.
Nous croyons que l’avenir de la création passera par une alliance intelligente entre puissance algorithmique et intention humaine. Le scandale Builder.ai en est la preuve par l’absurde : quand cette alliance est trahie, tout l’édifice s’effondre.
📌 Ce que les marques doivent retenir
La technologie aussi avancée soit-elle, ne peut pas se substituer à l’éthique.
Avant de collaborer, posez les bonnes questions :
➡️ Qui produit réellement ?
➡️ L’IA est-elle centrale ou cosmétique ?
➡️ Le process est-il documenté et assumé ?
Le AI-washing peut nuire à votre image même si vous êtes client passif. Aujourd’hui l’authenticité n’est plus un supplément d’âme, c’est un marqueur stratégique.
💡 À retenir
- Builder.ai valorisée à 1,5 milliard, reposait en réalité sur du travail manuel déguisé.
- L’entreprise a gonflé artificiellement ses chiffres avant de faire faillite.
- Ce scandale illustre les dérives de l’AI-washing : mensonge technologique, opacité des process et fausse innovation.
- Chez Lighthouse Studio, nous assumons une IA transparente, créative et orientée impact.
